Vivre en voiture
Une fois les heureux propriétaires d’une Mitsubishi Lancer en version break, nommée Mushu, il nous faut nous habituer à la conduite à gauche. Les réflexes concernant le levier de vitesse viennent rapidement, puis le regard se met à suivre la ligne centrale qui n’est plus à gauche mais à droite.
Ce qui prend un peu plus de temps (et nous amuse) c’est l’inversion des leviers qui nous fait lancer les essuie-glaces à chaque fois que nous voulons mettre un clignotant.
Avec à notre ancien hôte, Matt, nous faisons révision, vidange et bricolage divers pour être parés à rouler dans les meilleurs conditions.
L’étape suivante, ce sont les différents aménagement pour la rendre confortable pour y passer les nuits. Les sièges arrières rabattus sont de niveau avec le coffre, nous choisissons d’installer une plage arrière un peu renforcée pour y poser nos sacs et de dormir sur le fond.
Après quelques échecs en magasin pour trouver un matelas à la mesure du coffre, nous finissons par dénicher une petite entreprise de futons fabriqués sur mesure avec du coton australien.
Il ne reste qu’à teinter les vitres arrières pour pouvoir dormir discrètement dans des zones habitées. En effet, on ne peut passer la nuit dans son véhicule que dans des aires autorisées, généralement payantes, et c’est une pratique commune chez les voyageurs que de trouver des coins tolérants.
Par chance, il y a un campement gratuit et autorisé près de la miellerie où nous travaillons. Nous pouvons alors y abandonner toute discrétion et profiter de soirées sympathiques en compagnie des autres voyageurs de passage.
Nous avons nos endroits de prédilection pour le petit-déjeuner, comme près de South Beach à Fremantle. Maintenant que nous savons l’utiliser, nous apprécions même l’infâme Vegemite, cette pâte à tartiner au goût qui rappelle le viandox.
Depuis le coffre, la plage arrière nous sert de petite table pour préparer nos repas. Nous sommes suffisamment équipés pour faire un peu de cuisine de base au réchaud.
Pour recharger nos téléphones et autres équipements électriques nous passons beaucoup de temps dans les bibliothèques locales, qui offrent également internet. Pendant que l’un est occupé sur l’ordinateur, c’est l’occasion pour l’autre de plonger dans les centaines d’ouvrages disponibles.
Notre routine pour chaque nuit c’est donc de trouver un endroit discret où nous pouvons nous garer, camouflés au milieu des autres véhicules. La plupart des affaires passe à l’avant et nous pouvons nous installer sur le futon à l’arrière.
Comble du luxe, en nous adossant contre l’arrière des sièges avant, la plage-arrière nous permet de poser notre ordinateur pour regarder des films comme dans un salon.
Le réveil est en général dès les premiers signes de l’aube, car nous ne sommes jamais à l’abri des rangers qui patrouillent pour dénicher les voyageurs endormis dans leur voiture. Pour être sûr de bien émerger, c’est le moment de profiter des nombreuses douches publiques (et souvent froides) qui se trouvent en particulier près des plages.
Notre sommeil est bon, sauf quand une petite souris décide de s’installer à l’intérieur de la voiture avec nous. Toute la nuit elle se balade et grignote tout ce qu’elle trouve, nous réveillant constamment. Après deux mauvaises nuits et avoir tout essayé pour la faire fuir, nous vidons la voiture et ne laissons qu’une tapette. Elle fera son oeuvre.
Afin de limiter les dépenses au maximum, ainsi que les gaspillages, nous explorons régulièrement les poubelles des supermarchés. C’est une pratique relativement tolérée en Australie, et nous trouvons une diversité de produits encore en parfait état et sous emballage scellé, jetés pour un défaut d’emballage ou une date de péremption en passe d’être atteinte.
Les gâchis sont immenses (un oeuf cassé dans une douzaine et ils sont tous jetés) et en contrepartie nous mangeons donc comme des rois avec des produits parfois chers et de bonne qualité (et même bio) que nous ne nous serions pas permis d’acheter. Il ne reste qu’à les cuisiner sur les barbecues mis gratuitement à disposition pour vivre en ne dépensant pratiquement rien.
C’est assez enrageant de voir de magnifiques pièces de viandes marinées ou des fromages qui ont passé 3 ans à vieillir en Italie finir au fond d’une poubelle à l’autre bout du monde. Difficile de s’imaginer l’expliquer à un affamé.
Les merveilles des poubelles
Fromages, lasagnes, courgettes, aubergines, poivrons, brocolis, haricots, tomates, champignons, fruits de la passion, avocats, bananes, framboises, fraises, pommes, poires, patates douce, riz, pâtes fraiches, confitures, yaourts, oeufs, pains, gâteaux, crêpes, pizzas, basilic, poulet, poissons locaux dont saumon fumé, viandes bio, jus d’orange, tofu, pâte à tartiner, salades composées… tout y est !
Les tasseaux de récupération soutenant notre plage-arrière n’étant pas assez solides, ils commencent à céder. Nous les remplaçons aussitôt par du bois de palette, bien plus costaud. Maintenant nous sommes prêts à tout.
Cette Mitsu n’est pas sans me rappeler la R21 Névada ou plus encore notre bonne vielle 406 break (également rouge) dans laquelle nous avons dormi à de nombreuses occasions.
Pas besoin de beaucoup de confort pour voyager et vivre heureux. J’adore votre débrouillardise.
Patrick
Même après des années de pratique de conduite a gauche je me fais encore avoir par l’inversion des commandes clignotant essuie glaces !!!
J’adore votre mobil-home !!! Vous me faites rêver avec vos aventures et votre système D
Par contre j’espère que votre amie ne s’est pas attaquée au faisceau électrique ou au capitonnage de la voiture car ces sympathiques petites bestioles adorent faire leur nid avec le capitonnage et raffolent du plastique isolant les fils électriques ou encore les tuyaux de carburant (à basse d’amidon de maïs).
On espère aussi ! C’est bien ce dont on avait peur et qui nous a forcé à utiliser rapidement les grands moyens !
Ah !!! La vegemite !!! au petit déjeuner en plus !!! 8-(
Pourtant, une fine couche sur une tranche de « pain » grillée recouvert d’avocat et d’un éventuel morceau de « fromage »…