Au cœur de la vie nomade
Sur la route, il neige fort. En pleine nuit, le bus s’arrête au milieu de nulle part et nous débarque. Oui, c’est bien là que nous devons descendre. La yourte qui sera notre lieu de villégiature pour les jours suivants est à 7km, vers le Nord. Du couple qui l’habite, seule la femme est là, car le mari est en ville pour une semaine. Heureusement, elle vient nous récupérer en jeep à la sortie du bus. Nous sommes accueillis avec un tsai, le thé typique au lait, beurre et sel. Bien sûr, elle ne parle pas plus de 3 mots d’anglais.
La nuit est bonne bien au chaud près du poêle, centre et coeur de la yourte, malgré les petits mulots qui nous courent dessus.
S’en suivent trois jours d’immersion dans la vie des nomades mongols, qui bougent avec les saisons, menant leurs troupeaux et leur yourte là où l’herbe est plus verte, (sur)vivants de ce qu’ils produisent et du peu qu’ils peuvent se permettre.
Leur stock alimentaire se résume à un sac de farine de 50kg, un peu de sucre et de sel. Le reste provient de leurs animaux : lait et tous ses dérivés, viande et gras. Pour nous c’est un sacré changement de régime :
- plus de produits laitiers en quelques jours que pendant toute l’année précédente : croute de crème, fromage, fromage séché, beurre clarifié, bouillie de croute de lait séchée au fromage et au sucre, yaourt. Un sacré mélange qui a donné du fil à retorde à nos estomacs les deux premiers jours, mais reste excellent, et on ne peut pas faire plus local !
- les spécialités mongoles : les buuz, genre de raviolis au mouton et boeuf, le tsuivan, un plat de nouilles sautées au veau, du bouillon aux pâtes et au mouton, des abats de mouton bouillis, etc. Dans tous le plats est ajouté autant de gras que de viande.
Pour se chauffer, quelques morceaux de mauvais bois (il n’y a aucun arbre à la ronde) et pour maintenir le feu, rien de mieux que les bouses et menus crottins séchés.
La journée consiste en une succession presque rituelle de tâches chacune indispensable : on traie les vaches le matin, puis on les éloigne de leurs petits pour qu’elles aillent chercher à manger plus loin pendant que Toumeï cuisine. On pousse le troupeau de chèvres et de moutons là où ils peuvent boire et manger, à cheval car sur de longues distances. On découpe du bois quand c’est nécessaire. Bref, l’essentiel.
Dans ce mode de vie, on se lève avec le soleil (7h) et on se couche peu après la nuit tombée (21h maximum !). Le ciel est clair, le silence aussi intense la journée que la nuit. Une marche de quelques kilomètres et l’on aperçoit des renards, de magnifiques rapaces et des centaines de mulots qui passent d’un trou à l’autre.
Nous sommes arrivés à la période d’abattage des moutons, un travail de longue haleine. Les hommes tuent, dépècent et vident les viscères. Les femmes les récupèrent, les nettoient, enroulent les intestins, retournent les estomacs (Blurp, c’est le cas de le dire !).
Trust the mongolians to fix it!
Nous avons étendu d’une journée notre séjour à la yourte à cause d’une étourderie qui aurait pu nous handicaper fortement. Dans la précipitation en sortant du bus nous avons oublié de récupérer nos tapis de sol, enterrés quelque part dans les soutes, et celui-ci a continué son trajet jusqu’à l’autre bout du pays… Bien heureusement nous avons trouvé de quoi les remplacer dans la yourte, mais pour la suite c’était vraiment difficile de faire sans.
S’en est suivi de multiples arrangements par téléphone (satellite, fonctionnant très aléatoirement) entre le chauffeur, notre hôte et notre contact à Oulan Bator (Froit) qui assurait la traduction. Dans un premier temps, un autre chauffeur faisant le trajet inverse le lendemain de notre arrivée a refusé de s’arrêter dans notre trou perdu. Ensuite, le 2ème jour, le chauffeur que nous avions eu à l’aller nous annonce qu’il passera dans la nuit nous déposer les matelas sous le pont près de notre lieu de dépose. Le lendemain, ne trouvant rien, nous prenons des nouvelles : un passager aurait tenté de faire passer une peau de marmotte clandestinement dans la soute (strictement interdit à cette période car pouvant véhiculer la peste), ce qui a mis le bus en retard d’une douzaine d’heures. Lui restant 400 km à parcourir jusqu’à nous, il n’arrivera qu’à la nuit tombée, mais nous promet un appel une heure avant d’arriver et une dépose directe à la porte.
Couchés à 21h, sans nouvelles, nous décidons de partir le lendemain matin coûte que coûte. Ô belle surprise quand nous découvrons les tapis sous ce fameux pont. On nous avait prévenus : « Trust the mongolians to fix it », nous avions juste sous-estimé le facteur temps !
Quelle chance de découvrir de telles contrées de cette façon !
Magnifique, des moments sûrement très forts et intenses. Bonne chance pour la Chine.
Géniallissime la vie chez les nomades !!! Il neigeait en mai quand Agathe y était, il neige encore en octobre… l’été est court dans ces paysages sublimes ! Super aventure que ces quelques jours, ça donne vraiment envie d’y aller (y’a un aéroport non à UB ?
Rebises
Marie
Génial cette escale dans les steppes ! Mais je me demande… vous echangez comment avec vos différentes rencontres ? L’anglais est toujours suffisant ?
Grosses bises
Oh que non ! Très peu parlent anglais, et nos 4 mots de russe ne servent déjà plus à rien ! Tout est dans les gestes et parfois des petits dessins… même si un guide de conversation est très utile et génère de l’intérêt pour ceux qui veulent s’exprimer.
Juste énorme !!!! Vous avez du vous régaler, dommage pour les moutons c’est sur … Mais vous ca ne vous dérange pas ! Les photos sont superbes ! On se languis de vous retrouver à Hanoï !!!
Énorme et époustouflant! C’est un regal de vous lire. Gros bisous
g adoré ce reportage c la mongolie comme je l imagine! merci de partager cette expérience qui est d une richesse infinie!
Magnifique paysage. La simplicité et la nature dans toute sa splendeur. Vos estomacs vont être aussi riche de découvertes que vos yeux au fur et à mesure de vos aventures
Plein de pensées. Gros bisous