Le thé de Bảo Lộc
En fin d’après-midi, nous arrivons à Bao Loc située à mi-chemin entre Da Lat et Ho-Chi-Minh-Ville.
Cette ville nous a été recommandée comme étant à la fois la capitale de la production de thé au Vietnam et très peu touristique. Deux caractéristiques qui nous intéressent fortement !
Nous sentons immédiatement la différence avec les villes visitées jusqu’ici. Les locaux sont curieux, très sympathiques et serviables.
Après avoir posé nos affaires dans le premier hôtel où quelqu’un parle un minimum d’anglais, nous partons profiter du peu de jour qui reste.
Nous errons d’abord près des temples et de ce qui nous parait être le vieux centre (il n’existe aucun plan de la ville).
Pour finir, nos pas nous amènent près des lacs et du marché pour dîner.
La journée du lendemain figure dans nos favorites du voyage. Elle fait partie de ces moments où les évènements chanceux s’empilent pour offrir des expériences inespérées.
Comme il n’y aucune excursion organisée autour de la ville, nous optons à nouveau pour la location d’un scooter qui nous donne une grande liberté.
Sur les conseils de la réceptionniste, nous nous dirigeons à vue vers la seule attraction de la ville, une cascade située à 20km au Nord-Ouest de la ville et vers laquelle il y a à priori des plantations de thé.
En chemin, première belle surprise, un temple apparait sur le bord de la route. Il n’est pas parfaitement entretenu, et la végétation qui y reprend lentement ses droits y ajoute un cachet indéniable.
Un peu plus tard, nous apercevons les premières parcelles de thé et les cueilleuses en plein travail. Nous avons en main un prospectus qui semble indiquer que nous sommes au milieu du festival du thé qui a lieu sur un week-end tous les deux ans. Bien visé n’est-ce pas ?
Nous approchons de la cascade quand nous sommes à nouveau attirés par des plantations de café et des parterres de baies en train de sécher.
Nous nous approchons pour prendre des photos quand quelques vietnamiens nous abordent pour discuter. L’un d’eux est commerçant de gros en café et parle un anglais limpide.
Il nous explique alors que ce sont les français qui ont introduit les plantations de café dans la région, et qu’il se sont rapidement rendus compte que l’espèce robusta était beaucoup plus adaptée au climat local. Aujourd’hui le Vietnam est le premier producteur mondial de café robusta.
Il nous amène devant quelques plans de l’espèce arabica laissés à l’abandon pour nous montrer les différences. Ce caféier qui donne un café plus prisé des amateurs est aussi plus adapté à l’altitude. C’est pour cette raison que nous n’avons pu en observer que dans les hauteurs de Da Lat, vers 1600m.
Après lui avoir montré le prospectus du festival, il nous indique que nous sommes allés trop loin et nous le suivons à scooter alors qu’il nous conduit vers l’exploitation où est organisé l’évènement.
A l’arrivée, le paysage est encore mieux que dans notre imagination, des rangées de plants de thé sur des flans de colline et sous un doux soleil. Ils y a des étudiants en pagaille et nous avons des doutes s’ils sont plus intéressés par le thé ou par nous.
Nous avons raté de peu la compétition de cueillette, mais il reste de nombreuses cueilleuses locales dans les parcelles.
Celle-ci récoltent les jeunes pousses de l’année à une vitesse étonnante en utilisant des lames de rasoir fixées sur leurs doigts.
Nous restons quelques temps enivrés par ce spectacle, avant de redescendre près du lac.
Comme ci ce n’était pas suffisant, nous croisons un groupe de touristes danois et espagnols guidés par leur amie vietnamienne, Thanh Huong. Ils sont sympathiques au point de nous inviter à les suivre.
Nous assistons d’abord à la remise des trophées de la compétition et sommes introduits auprès des organisateurs et directeurs de la plantation.
Ensuite, nous visitons l’usine de production située sur place, avec toutes les explications traduites en direct par Thanh Huong.
La production de thé
- Après la récolte, les feuilles sont mises à sécher
- Elles passent ensuite par différentes atmosphères qui permettent d’obtenir la fermentation désirée
- Après séchage à haute température, elles sont sans relâche brassées puis recompressées
- C’est ce qui permet d’obtenir des feuilles complètement recroquevillées sur elles-mêmes, prêtes à l’infusion
Pour continuer, nous sommes invités à déjeuner avec les principaux acteurs de l’évènement, nous retournons donc à Bao Loc en passant entre les gouttes car le temps est en train de tourner.
Pendant le repas, de nombreux participants trinquent avec nous, dont l’adjoint au maire de la ville. L’ambiance est animée car la moitié des invités est déjà complètement ivre, et nous écoutons de nombreux « Mot, hai, ba, yo ! », leur manière de dire cul-sec.
Pour terminer, nous allons déguster le fameux thé dans l’un des magasins de la ville et apprenons la manière locale de le préparer. On boit dans de toutes petites tasses trois courtes infusions successives des mêmes feuilles, faisant progressivement évoluer le goût et l’amertume.
Après toutes ces émotions, nous décidons de nous détendre jusqu’au lendemain en attendant notre bus en direction de Ho-Chi-Minh-Ville.
Superbe journée ! C’est ce que j’appelle « la journée de la chance »
J’irai peut-être faire un petit tour vers Bao Loc cet été, vous m’avez donné envie !
ils ont un drôle de nom les temples: après le « khu du lich », voici le « Tu viens Batna? » !
Alors ça, vraiment, c’est LA journée parfaite !!! Magnifique expérience !
Juste une question : pourquoi les cueilleuses ont-elles des masques sur le visage ? Les effluves de thé coupé sont-elles toxiques ?
Surement pour ne pas respirer de particules de thé, ou simplement pour le soleil (le bronzage est évité au maximum au Vietnam) !