Phithak Shipyard and Services
De retour en Thaïlande, nous cherchons un moyen de rejoindre Phil qui répare son bateau. Après l’échec des négociations avec les chauffeurs de taxi, c’est finalement dans une sorte de bus-tuk-tuk que nous nous dirigeons vers le village de Chebilang.
En faisant confiance aux locaux, nous arrivons sans encombres à Phithak Shipyard and Services (PSS), un chantier naval pour voiliers et bateaux de pêche.
Nous faisons alors connaissance avec notre potentiel capitaine. La première impression n’est pas très rassurante car il se déplace en béquilles, suite à une chute d’une échelle la veille qui lui a foulé la cheville.
Il faut dire qu’au niveau sécurité sur le chantier, c’est l’inverse absolu de toutes les bonnes pratiques : les échafaudages sont branlants, les produits chimiques répandus sans discernement et bien sûr personne ne porte la moindre protection, surtout pas avec les outils de l’atelier mécanique.
Phil nous présente ensuite Rahopé, qui signifie « Mer calme » en Maori. Phil est un kiwi (un néo-zélandais pour parler correctement) ayant fait l’acquisition du voilier quelques mois plus tôt dans l’intention de le remettre en état et de le ramener au pays.
Le voilier est dans un chantier sans nom, du moteur jusqu’à la coque, et il est difficile d’imaginer à quoi il peut ressembler une fois opérationnel et à l’eau.
Pour terminer cette journée d’introduction, nous rencontrons les sympathiques marins de toutes nationalités (dont des français) présents sur le chantier, lors de leur traditionnelle fin de journée au bar. Il y a une véritable ambiance de communauté au sein de ce petit village de campagne qui fourmille d’activité.
Phil est enthousiaste et nous intègre rapidement au projet. Pour les nuits, nous sommes installés dans son appartement en face de l’entrée du chantier. Il a prévu d’y loger tant que son bateau n’est pas habitable.
L’endroit s’apparente plutôt à un garage carrelé avec une chambre fermée et climatisée. Une bouteille de gaz et un réchaud près d’un évier font office de cuisine.
Nous nous bricolons un lit de fortune avec les coussins en cuir du bateau et notre moustiquaire.
Les nuits sont rudes, car les murs sont en papier mâché et les bandes de chiens choisissent les heures les plus sombres pour s’affronter bruyamment à l’extérieur pendant que les chats chassent sous le toit.
Dès les premiers jours nous sommes au travail, et Phil a de quoi nous occuper. Toutes les portes et placards de Rahopé ont été démontées, poncées et sont prêtes à être vernies. C’est au fond d’un conteneur que nous passons donc plusieurs couches sur les quelques 50 éléments.
Une journée type à PSS :
7h00 : Levé et petit déjeuner.
7h15 : Le troupeau de vaches passe devant la porte.
8h00 : La sonnerie du chantier retentit, les ouvriers arrivent et nous franchissons les 30 mètres qui nous séparent de l’entrée. Nous nous mettons au travail pour profiter des heures fraîches.
10:00 : Pause pour un jus de fruits frais mixés, animée par de copieuses discussions. Phil nous raconte régulièrement ses déboires pour se faire comprendre des ouvriers qui ne parlent pas un mot d’anglais, et comment ils arrivent à faire l’exact inverse de ce qui était demandé.
10:20 : Retour au chantier. Vernissage, peinture, plomberie, mécanique et électricité sont au programme.
11:00 : Les ouvriers rassemblent sur un fil les cages de leurs oiseaux amenés avec eux au travail et comparent les chants afin de déterminer qui détient le meilleur spécimen. C’est l’activité favorite dans le coin.
12:30 : Déjeuner chez Mama, sexagénaire tenant le restaurant le plus proche (50 mètres). Elle connait seulement 4 mots d’anglais mais les utilise avec verve ce qui lui donne un caractère bien trempé. On ne choisi pas vraiment ce qu’on y mange (il n’existe pas de menu) mais difficile d’être déçu, surtout pour la somme exorbitante de 1€.
13:30 : Installation dans le bureau du chantier pour profiter de la connexion internet, initier diverses démarches administratives, planifier le trajet ou comprendre comment marche telle pièce du bateau.
17h00 : Fin de la journée de travail. C’est l’occasion de se rassembler, souvent au bar, pour y rester jusqu’à ce que la faim soit plus forte que le plaisir d’écouter les histoires de chacun.
19h00 : Dîner dans un restaurant (cette fois-ci à l’aide d’un menu) à 500 mètres de là. Il est tenu par trois adorables femmes que les marins ont gentiment surnommées les « Three Fat Ladies » (Trois grosses dames).
21h00 : Après avoir évoqué le programme du lendemain, il est temps d’enfiler ses bouchons pour passer la nuit tant bien que mal.
Le village de Chebilang n’est pas dépourvu d’animation, et comme nous entrons dans l’an 2558, cela donne lieu à un petit festival. Arrivés à 3 sur un scooter, comme le veut la coutume locale, nous y trouvons des stands de nourriture, parfois gratuite, disséminés sur un grand terrain vague.
Arrivés un peu tard pour profiter du pic des festivités, Ivan participe tout de même à 2 minutes de gloire au micro de l’animateur. Les femmes voilées sont ravies de nous servir leurs spécialités, et nous ne rentrons qu’une fois toutes les curiosités culinaires explorées.
Il y a parmi les francophones un couple qui achève la construction d’un catamaran. La mise à l’eau est imminente, mais la grue censée l’effectuer met plusieurs jours à arriver et nous offrir enfin ce petit spectacle, dans lequel tout le monde s’implique.
Hiiip super news.
Ça fait voyager ce genre de rythme entre le voyage et le travail.
Félicitation et à très bientôt ;).
dingue…
on y est…
les vaches, les 3 fats, l’odeur du vernis, et … mais quels sont les 4 mots d’anglais de Mama????
les paris sont ouverts…
allez!! des news des abeilles australiennes !!!
enormes baisers